Illustration par l’auteur

LYSISTRATA
ou Le devoir conjugal refusé

Tunique blanche, boucles couleur anthracite, sourire narquois… vous souvenez-vous de Lysistrata, l’héroïne d’Aristophane, qui en plus de son charme avait une capacité extraordinaire de prendre les problèmes à bras-le-corps et de les résoudre par des voies… disons, insolites. Elle ne manquait pas d’imagination, Lysistrata, ni d’énergie. Quand elle voulait se faire entendre, la brave Athénienne ne manquait pas de sagesse.

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*Guerre du Péloponnèse : guerre entre Sparte et Athènes (431-404 av. J.-C. ). Après des luttes indécises (431-421) conclues par la paix de Nicias, Athènes commit la faute d’entreprendre une désastreuse expédition contre Syracuse, en Sicile (415-413) ; elle fut alors attaquée par les Spartiates, qui s’étaient alliés aux Perses. En 405, Lysandre remporta la victoire navale d’Aigos-Potamos et, l’année suivante, prit Athènes, qui perdit sa prépondérance en Grèce.

*Lysistrata, comédie d’Aristophane, écrite vers 411 av. J.-C.

Contexte :
Cette comédie reflète le plus cher désir d’Aristophane : la paix entre les Grecs. Il souhaite la réconciliation entre Athènes et Sparte, empêtrées dans la guerre du Péloponnèse. La représentation de Lysistrata eut lieu peu après la défaite des Athéniens à Syracuse.

Résumé :
Lysistrata convoque ses amies pour leur proposer un plan destiné à ramener la paix en Grèce. La première partie du plan consiste à forcer les hommes à faire la paix en leur imposant une grève du sexe. Tout en continuant à aguicher leurs maris, elles devront refuser tout rapport conjugal. La Spartiate Lampito, qui fait partie de l’alliance des femmes, rentre à Sparte pour accomplir le même dessein astucieux dans le Péloponnèse. La deuxième partie du plan consiste à occuper l’Acropole (la citadelle) pour empêcher les hommes de venir puiser dans le trésor du Parthénon qui sert à financer la guerre.

Occupant la citadelle, les femmes mettent les hommes dans une situation embarrassante. Les Athéniens tentent de chasser les femmes de l’Acropole en faisant brûler des sarments. Mais les femmes résistent. Au bout de cinq jours, les effets de l’abstinence se font sentir. Un messager arrive de Sparte et apprend aux Athéniens que le complot féminin s’est étendu à toute la Grèce. Des délégations d’Athènes et de Sparte se rencontrent en urgence et réclament l’arbitrage de Lysistrata. La paix est rapidement conclue. Une grande fête est organisée avec des chants et des danses.

* Selon « La grande Encyclopédie 2004 » de Micro Application ; « Dictionnaire Hachette encyclopédique », éd. 2002 ; et « Le petit Robert des noms propres », éd. 2004

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Puisque dans l’histoire de Lysistrata il est question de devoir conjugal refusé, je pense aujourd’hui à notre devoir conjugal à nous qui sommes élus d’être l’Épouse du Christ Jésus, sa Bien-Aimée. Nous qui sommes liés à Lui par une Alliance sacrée, un Mariage qui nous met face aux devoirs, qui, eux, ne peuvent pas être refusés.

Comme dans la pièce de théâtre classique d’Aristophane l’enjeu est la paix, mais c’est une histoire à l’envers. Une paix éternelle promise, minée par nos devoirs conjugaux refusés à Dieu par nos petites et grandes infidélités. Ces infidélités subtiles que nous cachons à nous-mêmes, embarrassantes pour notre conscience avec ses perpétuels scrupules continuellement repoussés par un « Je verrai cela plus tard ». Nous ne voulons pas compliquer davantage notre vie. Elle est déjà bien compliquée par elle-même, elle devient encore plus rude quand on y ajoute les exigences de la Loi de Dieu et notre devoir de loyauté envers l’Époux céleste.

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… Votre mère se heurte à vos nouvelles habitudes alimentaires et pique une crise de nerfs quand elle prépare les repas — c’est vrai, même sans vos extravagances elle est déjà trop fatiguée. Vos camarades de l’université ne comprennent rien de vos nouveaux principes et n’essaient même pas de comprendre : ils vous ont déjà classée dans la catégorie « gens bizarres ou arriérés ». Et ce n’est pas votre petit ami qui va les contredire, il a assez de ces conversations que vous engagez à chaque fois qu’il déclare ses désirs, et qui tournent autour de mariage… cette institution contraignante d’un autre temps ; vous commencez aussi d’avoir peur de ces discussions, et enfin — marre ! —, la fatigue l’emporte…

Le devoir de chrétien, où va-t-il… Sans parler de tous les imbroglios de la vie, complexes et difficiles à résoudre… imbroglios des événements, des relations… On a souvent envie de fuir, d’oublier notre devoir devant Dieu. De se cacher, de trouver des excuses. Les excuses sont à la portée de notre esprit contrarié, fatigué par les combats continuels, et Dieu est patient. Dieu n’est-il pas compréhensif quand nous manquons à notre devoir — mieux que personne Il connaît la complexité de la vie et notre fragilité. Mais les excuses n’apportent pas la paix et encore moins le salut…

Que faire alors ? Souvenez-vous de Lysistrata. Prenez du temps à réfléchir avant de prendre le problème à bras-le-corps. Agissez, plutôt que se voiler la face ! Avec tact, mais fermement. Vous pouvez obliger les autres d’entendre les raisons de votre devoir suprême. Avec respect pour eux et amour pour Dieu, votre constance et votre force dans la fidélité à Dieu l’emporteront. Soyez créatifs, sachez persuader ou obliger les autres de vous entendre, et, pourquoi pas, de comprendre vos principes, les principes de Dieu. Ne vous découragez pas. Toujours est-il que si les Athéniens sont parvenus à la paix (au moins dans l’imagination jamais désespérée d’Aristophane), c’est grâce à l’ingéniosité et le courage de Lysistrata. Elle et ses camarades ont su se faire entendre…

Svétoslava Prodanova-Thouvenin
de Strinava

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