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« Poésie »

Soliloquence d’automne

Regard d’ailleurs
Illustration par Margretta Grigorova

SOLILOQUENCE D’AUTOMNE

Ô, délicieuse quiétude des matins d’automne,
bois profonds emplis de doux mystères ;
merveilleuse nature qui toujours m’étonne,
je t’ouvre encore mon cœur, qui n’a que trop souffert.

Souvent dans la campagne, mon unique retraite,
solitaire et rêveuse, je traîne ma douleur,
je fuis ce monde hideux, qui m’a vu pourtant naître,
et cherche à m’étourdir à toutes ces senteurs.

Respire, respire, cœur privé d’amour,
hume l’air parfumé de cette nature si belle ;
goûte en ces heures profondes aux plaisirs du jour,
car nulle chose ici-bas ne demeure éternelle.

J’enfonce plus avant dans la forêt trop sombre,
comme pour mieux oublier les vains bruits de ce monde ;
les arbres sur le sol font d’étranges ombres,
et mon âme troublée s’enfuit quand elles se fondent.

Plus loin, ainsi qu’un faible appel,
le murmure d’une source se mêle
au doux chant d’un oiseau,
que le vent voyageur répète en écho.

Voici la vaste plaine où coulèrent mes larmes,
qu’un soleil automnal achevait de sécher ;
il brillait dans sa force, telle la funeste flamme,
d’une amitié trahie, et d’un cœur blessé…

Qu’importe les blessures qui germent de l’amour,
la douleur en mon âme, disparaîtra toujours,
qu’importe les tourments qui m’agitent en ce jour,
aux peines du malheureux, ils me rendent moins sourde.

Généreuse nature aux doux coteaux chantants,
arbres, champs, rivières et forêts,
vous êtes l’heureux augure de l’amour naissant,
où se mêlent tour à tour, le silence et la paix.

Repose-toi mon âme en ce sublime asile,
contemple attendrie l’évanescente lumière,
qui brilla tout le jour sur cette terre fertile,
dessinant par instants de grandes ombres éphémères.

Campagne, sentiers, sous-bois obscurs, j’aime vous entendre chanter sous le vent,
mais la nuit déjà tombe, il me faut vous quitter,
oh, que dois-je délaisser ces beaux lieux apaisants
et me fondre de nouveau à ce monde agité.

Ainsi que la nature, je gémis et je pleure,
attendant l’heureux Jour où toute chose renaîtra,
où l’Univers apaisé, enivré de bonheur,
les mains tendues vers Dieu en sincères prières, criera “Alléluia”.

Le 6 novembre 1986
CORINNE ÉDOU

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